dimanche 14 avril 2019

Wikipedia - Ernst Von Salomon

    Ernst von Salomon

    Ernst von Salomon
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    Naissance
    Kiel, Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
    Décès (à 69 ans)
    Winsen (Luhe), Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
    Activité principale
    écrivain, scénariste
    Auteur
    Langue d’écriture allemand
    Genres
    roman, essai
    Œuvres principales
    Ernst Friedrich Karl von Salomon est un écrivain allemand né le à Kiel et décédé en 1972 dans une petite maison près de Hambourg.
    Il a d'abord été membre des Freikorps dans l'immédiat après-guerre, puis activiste de l'Organisation Consul sous la République de Weimar, avant de se consacrer à l'écriture d'une œuvre essentiellement autobiographique.
    Il est devenu une des figures majeures de la Révolution conservatrice, mais il s'est tenu à l'écart de la vie politique sous le Troisième Reich et après la Guerre. Son livre le plus célèbre, Le Questionnaire, paru en 1951, a été le porte-voix d'un sentiment d’exaspération des Allemands face à l'absurdité de l'occupation alliée.

    Biographie

    Ernst von Salomon naît le à Kiel1. Il est le fils d'un père haut fonctionnaire de police, d'origine huguenote et lorraine, et d'une mère d'origine germano-russe. Sa famille, originaire de Venise pour partie, a obtenu en 1827 la nationalité et un titre de noblesse2.

    Le cadet et les corps francs

    Il est profondément marqué par sa formation à l'Institut du corps royal des cadets de Karlsruhe, dans lequel il est entré à douze ans pour préparer son intégration dans le corps des Cadets de l'empereur3.
    Il se rapproche des milieux nationalistes après la défaite de 1918, puis von Salomon est l'un des premiers élèves officiers à répondre à l'appel de Gustav Noske pour former des associations volontaires dites Freikorps en janvier 1919. Il s'engage ainsi dans la division du Général Maercker. Il croit alors à la nécessité de prendre les armes contre la « menace spartakiste » pour protéger l'État contre les aspirations internationalistes des Bolcheviks.
    Il rejoint les Corps Francs, qui le mèneront dans les Pays baltes en 1919, avec le capitaine Liebermann, en Prusse-Orientale et en Haute-Silésie en 1921, avec le Freikorps Wolf, au sein des corps francs de la Baltique3.
    Au retour de ces équipées, von Salomon reste en contact avec ses camarades. Pour gagner sa vie, il devient employé dans les assurances, puis banquier. Il ouvre une baraque de change, à une époque où celles-ci étaient nombreuses dans l’Allemagne inflationniste, et, feignant de demander par téléphone des renseignements sur le cours des valeurs étrangères, verse à des clients peu informés et ravis une somme inférieure à la valeur réelle de la monnaie qui lui était offerte4.

    Le complice dans l'attentat contre Rathenau

    À cette époque, de multiples groupes de conspirateurs nationalistes pullulent en Allemagne. Von Salomon entre dans dix-huit de ces groupes organisés le plus souvent en associations d'anciens combattants. C'est de l’une d’entre elles qu’émergera un certain Adolf Hitler5.
    L’Organisation Consul, à laquelle appartient von Salomon, organise un attentat qui coûte la vie au ministre des affaires étrangères Walter Rathenau le 24 juin 19226. Von Salomon est arrêté pour complicité d'assassinat. Il est condamné une première fois à cinq ans de réclusion pour sa participation à l'assassinat de Rathenau, puis à trois ans de prison pour coups et blessures, avec confusion des peines ; mais une amnistie le libérera à la fin de l’année 19277.
    Dans Les Réprouvés, il expose les raisons qu'avaient les nationalistes de tuer Rathenau. Celui-ci avait pris son parti de la défaite de 1918, du Traité de Versailles et des servitudes imposée à l’Allemagne ; il pensait que l’Allemagne ne pourrait se reconstituer que par une stricte observance de toutes les clauses des traités internationaux qu’elle venait de signer, en obtenant de ce qui s’appela la Société des Nations, une sorte de certificat de bonne vie et mœurs8. Dès lors, Rathenau incarnait tout à la fois la défaite, l'impuissance et la résignation9. Mais von Salomon conteste le fait que l’antisémitisme ait joué le moindre rôle dans cet assassinat10.
    Après sa sortie de prison, il épouse en 1927 à Berlin son amour de jeunesse, Liselotte Wölbert, avec qui il s'était fiancé en 1923. Mais il s'en détache peu à peu au cours des années, jusqu'à la séparation en 1945.

    Le révolutionnaire conservateur

    Il s'engage alors dans la Révolution conservatrice, tout en ayant des contacts avec le nationalisme révolutionnaire de Friedrich Hielscher, opposé au national-socialisme, et publie des articles dans la presse de ces mouvements. Il suscite l'intérêt de Paul Fechter qui l'évoque, en avril 1928, dans son billet11 de la Deutsche Allgemeine Zeitung.
    Il poursuit le combat politique sur d'autres terrains, en prenant part notamment au mouvement des paysans dans la région du Schleswig-Holstein en 1929, au côté de son frère Bruno12, ce qui lui vaut d'être encore emprisonné pour quatre mois à la prison de Moabit. Il en profite pour mettre la dernière main à son premier livre autobiographique, Les Réprouvés, qui traite de la période 1918-1927 et qui est publiée par Ernst Rowohlt (Rowohlt-Verlag). Il publie un autre livre de souvenirs, Les Cadets, en 1933. Ces deux livres rencontrent alors un grand succès, contrairement à La Ville (1932), qu'il considérait pourtant comme l'un de ses meilleurs textes.

    Le scénariste à la UFA

    À leur arrivée au pouvoir, les nazis l'emprisonnent quelques jours avec Hans Fallada, puis le libèrent. Eu égard à son passé de combattant nationaliste, ils lui offrent des honneurs qu'il refuse3. Durant cette période, il écrit des scénarios pour la UFA, la grande société de production cinématographique allemande, en s'abstenant de tout engagement politique. Il vit de 1940 jusqu'à la fin de la guerre dans le village de Siegsdorf en Haute-Bavière, avec sa compagne d'alors Ille Gotthelft qui est juive.

    L'écrivain de la maturité

    Après la défaite de l'Allemagne en 1945, il est interné le dans un camp américain avec Ille Gotthelf pendant quelques mois, les Américains du CIC le soupçonnant d'avoir été nazi. Ille Gotthelft est libérée en mars 1946, mais lui ne l'est que le 5 septembre 1946. L'accusation de nazisme est alors considérée comme « erronée » (erroneous arrestees), même si le film Carl Peters (1941), à la rédaction duquel il a participé, est interdit par les autorités britanniques en raison de son caractère « anti-anglais ».
    Salomon continue à travailler pour le cinéma et s'attache à défendre la mémoire allemande tout en affichant des positions pacifistes, comme à la conférence de Tokyo contre la bombe atomique en 1961, à l'issue de laquelle il obtient la plus haute distinction japonaise pour la paix, La Chaîne des Mille Grues.
    Son livre publié en 1951, Le Questionnaire, qui tourne en dérision la dénazification, rencontre un grand succès. Il devient un des premiers « best-sellers » allemands puisqu'il est vendu à plus de 250 000 exemplaires13. Une adaptation allemande du livre est tournée en 1985 par la Norddeutsche Rundfunk, avec Heinz Hoenig dans le rôle de von Salomon14.

    Œuvre

    Son œuvre, principalement autobiographique, dépeint avec un mélange d'ironie et de cynisme la société allemande en décomposition, prise entre des spasmes nationalistes et communistes et l'amertume de la défaite de 1918. Ces convulsions de l'Allemagne du premier après-guerre apparaissent dans ses principaux romans : Les Réprouvés (1930, Die Geächteten), La Ville (1932, Die Stadt) et Les Cadets (1933, Die Kadetten). Il est aussi l'auteur d'un essai sur l'esprit des corps francs, Histoire proche (1936, Nahe Geschichte) et de L'Épopée des Corps Francs (Das Buch vom deutschen Freikorpskämpfer, Berlin 1938).
    Les Réprouvés, ouvrage paru en 1930, revient sur les frustrations d'une jeunesse allemande à la suite de la défaite de 1918. Von Salomon y raconte successivement, son engagement dans les Freikorps en Baltique15, le putsch de Kapp, l'Organisation Consul16, et son emprisonnement pour complicité dans l'assassinat du ministre Rathenau17.
    Son livre le plus célèbre est Le Questionnaire (Der Fragebogen), publié en 1951, dans lequel il conte notamment l'expérience de son internement dans un camp américain en Allemagne entre 1945 et 194618. Le titre du livre fait référence au document comprenant 131 questions auxquelles tout citoyen allemand dut répondre pour établir ses éventuels liens avec le régime nazi (le cas le plus emblématique fut celui du chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler). Le Questionnaire rencontra un vif succès, révélant ainsi la persistance d'un traumatisme chez les Allemands.
    Le Destin de A. D. paraît en 1960, La Belle Wilhelmine en 1965.
    Il est admiré très tôt en France, notamment par Pierre Drieu la Rochelle. Ses ouvrages restent une référence dans la culture de la droite nationaliste (mais pas seulement). Alain de Benoist, qui lui a consacré une notice assez longue dans son livre Vu de droite, le rattache au mouvement de la Révolution conservatrice.
    Son importance littéraire a aussi été reconnue par Roger Stéphane, qui le compare dans Portrait de l'aventurier (1986) à Thomas Edward Lawrence et à André Malraux, et par Marcel Schneider, qui le rapproche d'Ernst Jünger (L'Ombre perdue de l'Allemagne).
    Outre les premières éditions, ses livres sont parus en français au Livre de poche en 1966, en 10/18 en 1986 et dans la collection L'Imaginaire chez Gallimard plus récemment.

    Ouvrages de Salomon

    • Die Geächteten, Berlin 1930 - (Les réprouvés, Plon, 1931)
    • Die Stadt, Berlin 1932 - (La Ville, Gallimard, 1933)
    • Die Kadetten, Berlin 1933 - (Les Cadets, Corrêa, 1953)
    • Nahe Geschichte, Berlin 1936 - (Histoire proche : essai sur l'esprit corps-franc, Porte-glaive, 1987)
    • Das Buch vom deutschen Freikorpskämpfer, Berlin 1938 - (L'épopée des Corps francs, L'Homme Libre, 2008)
    • Boche in Frankreich, Hamburg 1950
    • Der Fragebogen, Hamburg 1951 - (Le Questionnaire, Gallimard, 1953)
    • Préface à Richard Scheringer, Das große Los, Hamburg 1959
    • Das Schicksal des A.D., Hamburg 1960 - (Le Destin de A.D., Gallimard, 1963)
    • Die schöne Wilhelmine, Hamburg 1965 - (La Belle Wilhelmine, Gallimard, 1967)
    • Glück in Frankreich, Hamburg 1966
    • Deutschland. Städte und Landschaften, aus dem Flugzeug gesehen, Köln 1967
    • Deutschland deine Schleswig-Holsteiner, Hamburg 1971
    • Die Kette der tausend Kraniche, Hamburg 1972
    • Der tote Preuße, Darmstadt 1973

    Scénarios

    Notes et références

    1. Bergeron 2011.
    2. von Salomon 1931, p. 7.
    3. a b et c Stéphane 1965, p. 302.
    4. Ernst Von Salomon. Le Questionnaire, E, question 40.
    5. Stéphane 1965, p. 303.
    6. Stéphane 1965, p. 305.
    7. Stéphane 1965, p. 308.
    8. Ernst Von Salomon. Le Questionnaire, A, question 24. « Chaque politicien partisan du respect des traités devait être « supprimé »
    9. « Le nationalisme constitue une réaction, il n’est pas pour cela réactionnaire, au sens politique du mot. La petite bourgeoisie qui, on ne doit pas l’oublier, constitue la classe politique la plus active de la première entre-deux-guerres, s’est résigné à la défaite » ; Stéphane 1965, p. 93
    10. Ernst von Salomon. Le Questionnaire, A, question 24. « De sa voix trainante, Ernst Junger me demanda : « Pourquoi n’avez-vous pas eu le courage de dire que Rathenau fut tué parce qu’il était juif ? » ; j’ai reçu des lettres même de Palestine où l’on me posait la même question. Chaque fois, j’ai répondu : « Parce que ce n’est pas vrai. ».
    11. Ce qui est dit Feuilleton en allemand
    12. Il s'engage ensuite dans le KPD, puis émigre et prend le parti des républicains espagnols
    13. Ernst Salomon (trad. Guido Meister, préf. Joseph Rovan), Le questionnaire [« der Fragebogen »], Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », (ISBN 978-2-070-25731-7), p. 11
    14. Roger Stéphane. Portrait de l’aventurier. Paris. Édition Grasset. 1965. p. 310
    15. Ernst von Salomon. Les Réprouvés. Paris. Libraire Plon. 1931. p. 61-74
    16. Ernst von Salomon. Les Réprouvés. Paris. Libraire Plon. 1931. p. 203
    17. Ernst von Salomon. Les Réprouvés. Paris. Libraire Plon. 1931. p. 251-278
    18. Ernst Von Salomon. Le Questionnaire, Remarques.

    Annexes

    Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
    Sur les autres projets Wikimedia :

    Publications à propos de Salomon

    • Dimitris Apostopoulos, La Pensée politique d'Ernst von Salomon, Paris, éditions Didier,
    • (de) Markus Josef Klein, Ernst von Salomon. Revolutionär ohne Utopie, Brienna Verlag,
    • Roger Stéphane, Portrait de l’aventurier, Paris, Édition Grasset, . 
    • Ernst von Salomon, Les Réprouvés, Paris, Libraire Plon, . 

    Articles connexes

    Liens externes

  • Site en allemand consacré à Ernst von Salomon [archive]
  • Photo et signature (Site en allemand) [archive]
  • Francis Bergeron, « Ernst von Salomon, mémorialiste de la révolution conservatrice allemande » [archive], Euro-Synergies, (consulté le 3 avril 2017)

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